Toponymie

Famille Schützenberger

Les Schutzenberger appartiennent à une ancienne famille strasbourgeoise. Plusieurs membres de cette famille se sont illustrés à différentes époques. Jean-Daniel Schutzenberger a fondé en 1740, à la Krutenau, la Brasserie Royale, devenue par la suite Brasserie de la Patrie. La Brasserie a été transférée à Schiltigheim entre 1866 et 1872. Le restaurant « La Patrie », à la Krutenau, existe toujours.

Le fils de Louis, Georges-Frédéric (1772-1853), eut plusieurs enfants, dont 3 fils :
— Le premier, qui porte le prénom de son père, sera le célèbre maire de Strasbourg de 1837 à 1848 ;
— Le second, Louis, brasseur comme son grand-père ;
— Le troisième, Charles (1809-1881), sera médecin et professeur à la faculté de Strasbourg.

Georges-Frédéric, le maire de Strasbourg, eut 3 fils :
— l’un avocat, Frédéric ;
— le second, Ernest, médecin militaire ;
— quant au troisième, Paul (1829-1897), il a connu la célébrité de son père et de son oncle Charles. Il était un chimiste remarquable, professeur au Collège de France, membre de l’Académie des Sciences et de Médecine. Ses contributions couvrent un large domaine de la chimie organique à la chimie physique et minérale. La découverte de l’hydrosulfite de soude, appelée aujourd’hui dithionite de sodium est particulièrement importante pour son application industrielle à la réduction de l’indigo dans la teinturerie. Il étudie les dérivés acétiques de la cellulose et synthétise des glucosides naturels. Il découvre l’acétate de cellulose en 1869 qui prend une grande importance dans les domaines de la papeterie, des explosifs puis de l’industrie des matières plastiques.

En 1923, la municipalité de Strasbourg a voulu honorer cette famille en donnant à l’une de ses belles avenues le nom de Schutzenberger.

Voltaire

VOLTAIRE (François Marie AROUET, dit Voltaire) est né le 21 novembre 1694 à Paris, ville où il est mort le 30 mai 1778. Poète et prosateur français, issu d’une famille bourgeoise aisée, Voltaire est d’abord un brillant élève des Jésuites au collège Louis-le-Grand.

À travers une jeunesse turbulente se précise un esprit très vif, rebelle à toute autorité et dont l’impertinence trouve dans la satire sa forme d’expression privilégiée. Incarcéré à la Bastille en 1717, il est exilé en Angleterre de 1726 à 1729. Il visite le château de Potsdam, résidence de son ami Frédéric II, qu’il quitte après sa déconvenue. II fait en 1753 un séjour à Strasbourg, où il visite le château de l’Île Jars. Son influence littéraire et sociale fut énorme, dépensant une énergie considérable pour défendre les causes qui lui semblaient justes contre l’intolérance religieuse. Nul écrivain, en effet, n’a été plus français par la limpidité, l’élégance, la précision spirituelle et la pureté de son style. Homme du XVIIIe siècle, Voltaire en incarne les préoccupations majeures, comme chez Rousseau, à qui tout l’oppose pourtant. On l’appelait aussi le philosophe de Ferney (Ain) où il avait sa propriété.

Son oeuvre littéraire est variée : son théâtre, sa poésie épique, ses oeuvres historiques firent de lui l’un des écrivains français les plus célèbres au XVIIIe siècle, mais elle comprend également des contes et romans, les Lettres philosophiques, le Dictionnaire philosophique et une importante correspondance, plus de 21 000 lettres retrouvées.

Tout au long de sa vie, Voltaire fréquente les Grands et courtise les monarques sans dissimuler son dédain pour le peuple, mais il est aussi en butte aux interventions du pouvoir qui l’embastille et le contraint à l’exil en Angleterre ou à l’écart de Paris. En 1749, après la mort d’Émilie du Châtelet, avec laquelle il a entretenu une liaison houleuse pendant quinze ans, il part pour la cour de Prusse, mais, déçu dans ses espoirs de jouer un grand rôle auprès de Frédéric II à Berlin, se brouille avec lui après trois ans et quitte Berlin en 1753.

Il se réfugie un peu plus tard aux Délices, près de Genève, avant d’acquérir en 1759 un domaine à Ferney, sur la frontière franco-genevoise, à l’abri des puissants. Il ne reviendra à Paris qu’en 1778, ovationné par le peuple après une absence de près de vingt-huit ans. Il y meurt à 83 ans.

Voltaire à Strasbourg (1753-1754), son séjour dans une ferme proche de l’Île Jars.

Au mois d’août 1753, Voltaire arrive à Strasbourg, où il trouve à se loger dans une ferme, située au milieu des champs, proche de l’Île Jars. C’est dans cette humble habitation, appelée plus tard « ferme Voltaire », que le philosophe de Ferney commence à écrire ses Annales de l’Empire. II reprend contact avec la Comtesse de Lutzelbourg, née Marie Ursule de Klinglin, qui habite le château de l’Île Jars. Voltaire passe ses soirées en société et en compagnie du maréchal, de la famille Klinglin, de Schoepflin et d’autres personnages illustres dans les sciences, les arts et la noblesse.

Dans sa correspondance épistolaire avec sa cousine, Voltaire écrit : « Il y a Ursule une Comtesse de Lutzelbourg, soeur du vieux préteur qui est mort en prison (le 5 mars 1753), femme aimable, femme du monde qui a été longtemps, à la cour, mon ancienne amie, ma consolation dans ma solitude ».

Dans la dix-neuvième lettre de sa correspondance, il écrit à Mme de Lutzelbourg : « La destinée, Madame, qui joue avec les pauvres humains comme avec les balles de paume, m’a mené dans votre voisinage à la porte de Strasbourg. Je suis dans une petite maison appartenant à Mme Léon ».

Après s’être installé, il s’est « mis au régime des racines et des cloportes ». Dans une lettre suivante il écrit : « Dieu veuille que mon retour en France ne me soit pas funeste », puis plus tard : « Je traîne ma vie et ma mort. Un grand Roy n’aurait pas dû empoisonner l’une et avancer l’autre. Dittes-moy s’il faut faire mon lit à Strasbourg ou en Suisse. Il est dur d’être un si vieil oiseau (Voltaire avait 59 ans) et de n’avoir point de nid. Je suis sur de tristes branches ».

Voltaire espérait pouvoir confier la lecture de ses Annales de l’Empire à Schoepflin, professeur d’histoire et d’éloquence, historien réputé de Strasbourg, mais ce dernier, trop occupé par les devoirs de la place, ne put accepter la proposition de l’écrivain.
Les Annales de l’Empire sont encore loin d’être terminées, elles ne seront pas imprimées à Strasbourg.

Jean-Jacques Rousseau

ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778). Philosophe et écrivain né à Genève, auteur entre autres de « La Nouvelle Héloïse », « Le Contrat Social », « L’Émile », « Les Confessions ».
Esprit mélancolique, fantasque, rêveur. Rousseau a prêché le retour à la nature, l’excellence initiale de l’homme, la nécessité du contrat social qui garantit les droits de tous, en une langue passionnée et éloquente. La Révolution française d’une part, le romantisme de l’autre, sont largement inspirés des oeuvres de Rousseau.
L’ouvrage pédagogique de Rousseau, l’Émile, publié en 1762, est le point d’aboutissement des précédents. Rousseau avait en effet soutenu cette doctrine : « l’homme est bon par nature, la civilisation le corrompt ».
Mais comment guérir de son mal une société si profondément atteinte ? C’est à la base qu’il faut reprendre l’oeuvre, par l’éducation des enfants.

D’après G. Livet, dans Histoire de Strasbourg :
« À la fin du XVIIe siècle, l’esprit français pénétra à Strasbourg par le théâtre, grâce aux traductions jouées par les comédiens allemands. Le Cid était déjà joué en traduction en 1655. À partir de 1765-75, des jeunes aristocrates comme les «de Dietrich», «de Turckheim», Franck se réunissent pour jouer en privé les pièces de théâtre classiques et néoclassiques de Corneille à Voltaire. Ils se réunissent en un lieu privilégié, l’Auberge de l’Esprit, Zu dem Geist, quai Saint-Thomas. »
En 1770, Goethe y séjourne avant d’habiter rue du Vieux-Marché aux Poissons et y rencontre Herder.

En automne 1765, Rousseau est de passage à Strasbourg et l’on joue au théâtre le Devin du Village. Il est reçu à plusieurs reprises aux soirées, au château de l’Île Jars, organisées par le maréchal de Contades, comme en atteste une de ses lettres d’alors. Il s’y déclare : « honoré des bontés et de la bienveillance de tout le monde, depuis M. le maréchal de Contades jusqu’au dernier du peuple ». Dans une autre lettre, il déclare qu’il aurait séjourné volontiers plus long temps à Strasbourg si « les fréquents dîners du maréchal de Contades ne l’avaient trop fatigué ».

Léon Boll

Léon BOLL né en 1862 à Eguisheim, mort à Paris en 1916. Issu d’une vieille famille de viticulteurs, il fait ses études près de Belfort, puis suit une carrière de journaliste en collaborant au Figaro Illustré et à l’Union d’Alsace-Lorraine. II est politiquement proche de Jacques Kablé, député strasbourgeois protestataire. Il épouse la fille d’un grand propriétaire de Ribeauvillé et se lance dans le commerce du vin. II est l’un des protagonistes de la reconstitution de la maison Kammerzell pièce par pièce à l’exposition de Paris (1900) pour faire connaître les vins d’Alsace. Il fait faillite et retourne à 38 ans au journalisme. En 1902, il obtient la direction du Messin, principal journal de langue française en Lorraine. En 1904, il fonde le Journal d’Alsace-Lorraine, défendant une autonomie en dehors de l’Empire allemand. Ses positions idéologiques sont très proches des radicaux-socialistes français.

Théophile Schuler

SCHULER Théophile est né à Strasbourg le 18 juin 1821 et mort dans la même ville le 26 janvier 1878. Cadet de cinq enfants du pasteur Daniel Schuler. Études au « Gymnase Protestant », puis à l’Institut Aufschlager. En 1837, il rejoint Karlsruhe pour y accomplir son apprentissage de la gravure en taille douce. En 1838, il gagne Paris pour continuer son apprentissage chez des compatriotes alsaciens (Muller et Klein), puis il entre dans l’atelier Drolling. Il habite le boulevard Montmartre, avec son compatriote A. Schweighauser, chez une famille Leblanc. En 1848, retour à Strasbourg dans sa maison, 1 quai Saint-Nicolas où il ouvre une école de dessin pour dames. En 1871, après le traité de Francfort, il quitte l’Alsace, s’établit à Neuchâtel et épouse Rose Bachelin dont il aura une fille qu’il prénommera Alsa : symbole de survie alsacienne. Il ne reviendra à Strasbourg que pour y mourir en 1878 à la maison du Diaconat, rue Sté Élisabeth.

Théophile Schuler est un peintre romantique, un illustrateur et un graveur français, fortement ancré dans la tradition alsacienne. Ses illustrations de plusieurs oeuvres de Jules Verne, Victor Hugo ou Erckmann-Chatrian, entre autres, ont contribué à sa notoriété bien au-delà de sa région natale.

À Strasbourg, le Musée des Beaux-Arts, le Musée Historique et le Cabinet des Estampes conservent de nombreuses oeuvres de l’artiste. Par ailleurs, la Société des Amis des Arts et des Musées est établie dans l’ancien appartement de Théophile Schuler.

François Guillaume Jean Stanislas Andrieux

François, Guillaume, Jean, Stanislas ANDRIEUX (1759-1833). Poète, professeur, auteur dramatique, né à Strasbourg le 6 mai 1759, il y fait preuve de dons éclatants au point que plusieurs de ses biographes rappellent ses succès qui lui valent d’être régulièrement porté en triomphe par ses camarades lors des distributions des prix.

La mort de son père, en 1785, le met dans l’obligation de subvenir à sa famille laissée sans ressources et donc de reprendre des activités plus lucratives. Introduit par Malesherbes, il devient alors secrétaire du duc d’Uzès, ce qui lui permet de vivre honorablement. En 1787, il présente au public son plus grand succès, sans doute son oeuvre la plus durable aux yeux de la postérité : Les Étourdis.

Membre du « Conseil des Cinq-cents » en 1789, il devient juge en 1793 et secrétaire perpétuel de l’Académie française en 1829. Secrétaire du Duc d’Uzès puis avocat. Après 1789, il s’engagea dans une carrière politique et judiciaire. En 1798, Bonaparte l’appela au Tribunal, mais le Premier Consul l’en écarta de nouveau pour des raisons de contestation et d’insoumission.

En 1802, il est élu à l’Académie française en 1804, nommé bibliothécaire au sénat, puis professeur de grammaire et de belles lettres à l’École Polytechnique. En 1814, Louis XVIII lui attribua la chaire de littérature au Collège de France. Il publia entre autres : « Le meunier de Sans-souci », l’histoire du meunier qui gagna le procès que le tout puissant Frédéric II le Grand, roi de Prusse, avait intenté contre lui parce que le clapotis de son moulin ne le laissait pas dormir la nuit. Il mourut le 10 mai 1833 à Paris.

Gustave Brion

Gustave Brion est né le 24 octobre 1824 à Rothau (Bas-Rhin) et mort le 3 novembre 1877 dans le 14e arrondissement de Paris. Peintre et illustrateur français, il est le petit-neveu de Frédérique Brion avec qui Goethe noua une brève idylle lors de son séjour dans la région.

À Strasbourg, Gustave Brion est l’élève du sculpteur André Friederich et du peintre Gabriel-Christophe Guérin. Monté à Paris, il intègre l’atelier de Charles Gleyre. Il fonde un atelier au 70 bis de la rue Notre-Dame-des-Champs, l’endroit ayant le surnom de « Boîte à thé ». Il est l’un des maîtres d’Hippolyte Pradelles.

Il débute au Salon de 1847 à Paris et y expose régulièrement les années suivantes. Sa production est remarquée à plusieurs reprises ; il reçoit une médaille de 2e classe au Salon de 1853, une médaille de 1re classe au Salon de 1863 et une médaille de 2e classe à l’Exposition universelle de 1867. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1863.

Peintre régionaliste, il produit notamment des scènes de genre alsaciennes. Il illustre également Les Misérables de Victor Hugo.